primo

Ce soir.

Ce soir, vers 21h apparemment, s’est éteint mon aïeul.
Mon dernier grand-parent.
Mon seul grand-père que j’ai eu.

Alors évidemment, je suis triste. Mais ce n’est pas une tristesse dévastatrice et envahissante.. je pencherais plus sur une forme de mélancolie.
Alors je tiens à préciser que je m’y "préparais" depuis quelques jours.
Cela fait depuis un an que concrètement, l’état de santé de mon grand-père s’était sérieusement dégradé. Cancer du poumon, fonction rénale HS donc obligé de se faire dialyser trois fois par semaine, ce qui affaiblit encore plus.

On en discutait avec ma copine, j’ai eu le temps de voir et d’accepter l’issue de cette situation, peut-être et sans doute est-ce pour cela que je ne suis pas abattu, je m’explique.

Ma dernière visite remonte au mois de février. Un besoin de la part de ma copine nous a fait monter sur Paris (nous habitons Montpellier), et par la même occasion le voir en clinique.
Ce fut une surprise pour lui : il ne s’y attendait pas. J’ai bien compris que cette visite lui faisait du bien. Le voir dans cette chambre médicalisée ça m’a fait chier n’ayons pas peur des mots.
Lui qui a toujours été bon vivant, plein de vie, jovial et tout ce qu’on imagine d’un brave papy, et bien ça détruit cette image et ces souvenirs tout lentement..
Certes à ce moment il avait bien maigri, mais il avait encore de l’appétit, il était alerte, il parlait.. c’est surtout ça : il parlait encore .
Depuis quelques semaines son état de se s’est décliné à une allure folle : perte de poids, grosse fatigue (dormir presque tout le temps..), perte d’autonomie, plus de parole.. et puis surtout la volonté de lui baisser la fréquence de ses dialyses à deux par semaine, programmant donc sa lente et douce fin.

D’ailleurs c’était le 4 mars (il y a un mois donc) ou je lui envoyait une lettre à la fois d’adieu mais aussi d’amour pour lui dire que j’étais là mais aussi que je tenterais du mieux que je pourrais, de transmettre de l’amour à mes enfants et petits enfants comme lui a pu le faire. C’est mon oncle qui a accepté de la lui lire étant donné qu’il ne voyait plus trop (pour ne pas dire plus du tout).

Le corps humain est vraiment foutu de façon étrange. Je veux dire par là que depuis hier matin je me sens vraiment très mal, par là j’entends un grand mal de dos (du moins plus que d’habitude), la sensation d’avoir la cage thoracique comprimée m’empêchant de respirer, mais aussi la conviction absolue d’avoir un mauvais pressentiment. Certes c’est facile de penser à cela en de telles circonstances mais il faut avouer que ça m’intrigue.

Nous revoilà au postulat de départ, je ne ressens pas une tristesse immense (cela viendra le jour des obsèques à n’en pas douter), je suis juste très mélancolique.
Mélancolique du temps heureux et insouciant où gamin il me portait sur ses épaules, m’apprenait à ouvrir des huîtres (que je ne mange toujours pas d’ailleurs), repartait de chez mes parents en me glissant un billet dans ma poche de pantalon malgré les réprimandes plus amusées qu’énervées de ma mère (sa fille au passage).
Ouai, tout cela est dorénavant propriété du passé, mes souvenirs s’y perdent de temps à autre, je ne pourrais qu’au mieux les revivre au gré de mes rêves.

En attendant tes obsèques mon papy, je vais respecter ces quelques mots qui étaient les tiens et ce, dans un accent Picard, lorsque tu me voyais triste : " pleure pas min tcho "

Alors promis, je ne vais pas pleurer.. mais ça va être dur.

Merci pour tout papy. Ça va être tendu de pouvoir jouer au même niveau que toi.

Je t’aime.